vendredi 17 octobre 2014

Exhibition à la Madeleine : l'ex-Femen ne renie rien de son acte

Trois à quatre mois de prison avec sursis et 1500 euros d'amende ont été requis mercredi contre Éloïse Bouton.
«L'accusée: Éloïse Bouton. La victime: église de la Madeleine», lance, solennel, l'assesseur. L'appel de l'affaire, mercredi, devant la 10e chambre du tribunal correctionnel de Paris, fait sourire l'assemblée.
Dans des souliers vernis d'une vertueuse hauteur, un tailleur-pantalon très sage rehaussé par un corsage noir et blanc, les cheveux tirés en un petit chignon majorette et les ongles fraîchement laqués, la prévenue s'avance à la barre avec un air frais et placide d'hôtesse d'accueil. Femen, terre des contrastes. Cette ancienne activiste du mouvement «sextrémiste» doit se défendre d'«exhibition sexuelle», un délit pénal puni d'un an d'emprisonnement et de 1 500 euros d'amende, pour avoir pénétré seins nus dans l'église de la Madeleine, le 20 décembre 2013 à Paris, et simulé un avortement près de l'autel en brandissant des morceaux de foie de veau sanguinolents pour figurer «le fœtus avorté de Jésus».
À la lecture de ces faits par la présidente du tribunal, une rangée de jeunes Femen en fleur étouffent des rires d'enfant. Intervention immédiate de la magistrate qui tiendra rênes courtes durant toute l'audience. Toute mijaurée est avisée: exclusion de la salle à la moindre jacasserie, rire, signe d'approbation ou de désapprobation. Et la présidente «ne répète jamais deux fois». Pan sur le museau. Il ne sera plus question d'un seul ricanement.
Dans le box des accusés, un jeune détenu est contraint d'assister aux débats de ce dossier «très long» car «c'est une grosse affaire», a expliqué le tribunal pour justifier l'attente des autres jugements. Comme absent ou déçu, il fixe les fenêtres où se détache le ciel. Vêtues, les Femen ont moins de public.

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